On arrive en pirogue
La pluie nous accompagne
La forêt nous accroche
J’aperçois sa cabane
J’aperçois son carbet
Sans porte ni persiennes
Toit en tôle ondulée
Pour les jours de pluies diluviennes
La visite est rapide
Le confort est sommaire
Un salon, coin cuisine
Et deux panneaux solaires
Un hamac accroché
Dort sous sa moustiquaire
Comme une chambre à coucher
Sans clim et juste un courant d’air

Elle est là
Nous sourit
Nous voilà
Au carbet de Lili

Elle vit de la nature
Et elle lui tend les bras
Raconte cette aventure
Avec l’anaconda
Pour joindre les deux bouts
Elle vend pour son travail
Du jus de « cupuaçu »
Et les graines de palmiers « wassaï »

C’est son choix
C’est sa vie
C’est comme ça
Au carbet de Lili
Elle vit là  
Dans ce nid
Y a tout ça
Au carbet de Lili

Elle parle une larme à l’œil
De son bel indien blanc
Pourquoi porter le deuil ?
Il est toujours présent
Au cimetière du village
Sur sa tombe elle a fait  
Son portrait en carrelage
Pour jamais, jamais l’oublier  

Elle le voit
Elle le vit
Y a sa voix
Au carbet de Lili
Elle y croit
Elle l’écrit
Il est là
Au carbet de Lili

La pirogue nous ramène
La forêt se décroche
Puis direction Cayenne
Des souv’nirs pleins les poches  

J’n’oublie pas
C’est écrit
Régina
Le carbet de Lili
C’est p’etre ça
L’paradis
On r’viendra
Au carbet de Lili

(2023)