TEXTES
Il a cassé sa pipe
En plein cœur de l’automne
Sans un mot à personne
Il a viré de bord
Il a cassé sa pipe
Quitté la belle équipe
Des bons copains d’abord
Ce poète fragile
Peut-être trop sensible
A voulu mourir en silence
Mais quand elle vit le deuil
S’approcher du cercueil
Elle a pleuré la France
L’auvergnat était là
Ses quatre bouts de bois
En guise de couronne
L’hôtesse et l’étranger
Ne purent s’empêcher
De pleurer le bonhomme
Ils n’entendront dès lors
Plus chanter ses accords
Ni ses grands cris de «mort aux vaches »
Et ils ne verront plus
Quand la lune se met nue
Refléter sa moustache
Comme pauvre Martin
Il creusa son destin
Sa guitare sur l’épaule
Aujourd’hui s’il s’endort
Au coté de son corps
Ca doit lui sembler drôle
A la claire fontaine
Plus personne ne se baigne
La belle ingénue ne vient plus
Elle pleure souvent
Pour l’époque où le vent
Soufflait sur son corps nu
Les filles de joies sont tristes
Elles ont perdu l’artiste
Qui chantait leur enfers
Lui poète timide
Il s’écriait stupides
Aux «bourges » de la terre
Il avait eu dit-on
Mauvaise réputation
"il n’est pas poète cet homme"
Aujourd’hui qu’il n’est plus
tout l’monde l’a reconnu
la mort agrandit l’homme
Sur la plage de Sète
Il vinrent à 6 ou 7
Le cœur vêtu de noir
Lui rendent à son image
Le plus modeste hommage
Que le ciel est pu voir
Il est parti la haut
Pour son dernier repos
Chanter «je vous salue Marie »
Et sous son air sincère
Trouver loin d la terre
Son p’tit coin d’Paradis…
(1981)