C’est un enfant, petit homme perdu

D’une mère inconnue

Qui rentre dans ta chambre

Toi qui n’auras jamais ce doux délice

Celui d’avoir un fils

Qui viendrait de ton ventre

Mais le voilà, il est ton hôte

Tu le prends dans tes bras

Peu importe s’il est d’une autre

Il est à toi

 

Emotion, sensation, révolution, dans ton cœur femme

Pour ce petit, ce bout de vie

Qui rentre dans ton nid, comme un oiseau meurtri

Emotion, sensation, révolution, au fond de ton âme

Pour ce géant, ce conquérant

Au regard innocent, qui sera ton enfant

 

Bien sur, tu n’auras pas pendant des mois

Senti bouger en toi

Cet être de silence

Bien sur que tu n’auras jamais souffert

De ces heures de calvaire

Qui sont la délivrance.

Mais aujourd’hui tu en as un

Qu’importe si son sang

N’est pas le tien

Il est ton fils et pour longtemps

 

Emotion, sensation, révolution, dans ton cœur de femme

Pour ce petit, ce bout de vie

Qui rentre dans  ton nid, comme un oiseau meurtri

Emotion, sensation, révolution, au fond de ton âme

Pour ce géant, ce conquérant

Au regard innocent

Qui sera ton enfant

 

Plus tard, qui sait, tu lui diras pourquoi

Il n’a pas comme toi

Les mêmes origines

Que ses parents ne sont pas ceux qu’il croit

Mais ceux d’une autre fois

Et d’une autre racine

Et malgré cette vérité

Pour lui tu resteras

La seule mère qui ait compté

Qui comptera

 

Emotion, sensation, révolution, dans ton cœur de femme

Pour ce petit, ce bout de vie

Qui rentre dans ton nid, comme un oiseau meurtri

Emotion, sensation, révolution, au fond de ton âme

Pour ce géant, ce conquérant

Au regard innocent

Qui t’appelle Maman

 

(1986)